ETA : LE DIALOGUE SANS L'UNITE
Les réactions de la presse espagnole après l'annonce officielle de l'ouverture du dialogue avec l'organisation séparatiste basque espagnole le jeudi 29 juin 2006
Le président du Gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a annoncé jeudi matin l’ouverture d’un dialogue avec le groupe terroriste ETA. Cette annonce faite lors d'une conférence de presse dans un couloir du Parlement est l’une des étapes de ce qu’on appelle en Espagne le processus de paix, commencé le 22 mars dernier avec l’annonce d’un « cessez-le-feu permanent » de l’ETA, et qui doit aboutir à la disparition du mouvement armé.
Le Partido Popular (PP, principal parti de l’opposition) a attaqué durement la décision de Zapatero, et la presse conservatrice a aussi formulé des objections. L’ETA, qui a causé plus de 800 morts depuis son premier attentat mortel en 1968, réclame l’indépendance d’un Pays basque entendu au sens large, qui comprend la région autonome Euskadi, sa voisine la Navarre, et le pays basque français ou Iparralde, qui est une partie du département des Pyrénées-Atlantiques.
Il s’agit de la troisième fois qu’un gouvernement espagnol entame des conversations avec l’ETA, après les échecs du gouvernement socialiste de Felipe González en 1988, et du gouvernement conservateur de José María Aznar (Partido Popular, PP) en 1999. À chaque occasion, l’équipe au pouvoir avait reçu l’aval de l’ensemble des partis. Pas cette fois.
El Mundo, qui depuis l’arrivée de Zapatero au pouvoir en 2004 est l’un des plus féroces critiques des socialistes, parle de « concession faite à la bande » de la part d’un gouvernement qui « joue avec le feu ». Son principal reproche porte sur les déclarations de Zapatero sur « les décisions que les basques adopteront librement ». La droite y voit une reconnaissance implicite du droit à l’autodétermination (un référendum sur l’indépendance), exigé par l’ETA.
Le quotidien conservateur ABC y voit aussi « un aspect politique du dialogue avec l’ETA, souhaité par les terroristes ». La phrase entière du président était : « Le gouvernement respectera les décisions des citoyens basques qui seront prises librement, dans le respect des normes et des procédés légaux, des méthodes démocratiques, des droits et des libertés des citoyens et en l’absence totale de tout type de violence et de contrainte ». Zapatero a affirmé a plusieurs reprises que l’autodétermination n’était pas un concept valide en Espagne, et que la Constitution en vigueur était le plafond des revendications nationalistes.
Du côté des soutiens, on trouve le madrilène El País et le barcelonais El Periódico de Catalunya, tous deux proches du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) de Zapatero. La seule chose qu’El País trouve à redire, c’est que l’annonce de Zapatero n’ait pas été faite devant les députés. Quant à El Periódico, il opte pour une première page façon fin de guerre mondiale, et titre en énorme « La paix est le chemin », en empruntant sa sagesse à Gandhi.
Du côté des premiers intéressés, le modéré El Correo, au pays basque, considère que le gouvernement « respecte son devoir en explorant les possibilités réelles qu’offre le cessez le feu de l’ETA pour en finir avec la plaie du terrorisme ».
Prochaine étape annoncée : la consultation, en septembre prochain, de l’ensemble des groupes parlementaires par le ministre de l’Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, pour les informer de l’évolution du processus de paix.
Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.
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publié par EnEspagne.com à 9:48 PM
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