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07 mai 2007

ZAPATERO "PORTE-POISSE" DE SEGOLENE ROYAL ?

ELECTIONS PRESIDENTIELLES FRANCAISES 2007 [source El Pais] :
Après la défaite au second tour de l'éléction à la présidence de la République Française de celle qu'on avait parfois surnommé "la Zapatera" en référence au président socialiste du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero, ce dernier a cependant adressé ses "plus sincères félicitations" au candidat victorieux, le conservateur Nicolas Sarkozy.
Selon le journal espagnol EL PAÍS, reprenant lui-même des sources gouvernementales espagnoles, le leader des socialistes, qui avait naturellement apporté son soutien à la candidate Ségolène Royale, a souligné que Nicolas Sarkozy, représentant selon lui une "droite ouverte et moderne", avait su "mettre en marche le désir de changement d'un pays appelé à récupérer la confiance en lui et continuer à former partie de la locomotive européenne du XXIème siècle". Il a également rappelé sa collaboration dans la lutte contre l'organisation terroriste ETA en tant que ministre de l'Intérieur sous la présidence de Chirac.
Pour la petite histoire, d'aucuns n'avaient pas manqué d'alerter que le soutien de Zapatero à Royal était de très mauvaise augure pour cette dernière. En effet, plusieurs personnalités auxquelles il avait antérieurement apporté son soutien (Schröder en Allemagne, ou Kerry aux Etats-Unis pour ne citer qu'eux), avaient par la suite subi des revers similaires, ce qui lui avait valu le qualificatif de "porte-poisse" (en espagnol : gafe)...

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publié par EnEspagne.com à 3:02 PM
ZAPATERO "PORTE-POISSE" DE SEGOLENE ROYAL ?
   

30 avril 2007

FAMILLE ROYALE ESPAGNOLE - SOFIA EST NEE : 2ème enfant des princes Felipe et Letizia, elle est 3ème dans la succession à la couronne

LatinReporters.comACTUALITE ESPAGNOLE [par LatinReporters.com] :
C'est à nouveau une fille. La révision de la Constitution, teintée de loi salique, en résulte moins urgente. Née le 29 avril à Madrid, Sofia de Bourbon, second enfant du prince héritier Felipe et de la princesse Letizia Ortiz, sera infante d'Espagne avec titre d'Altesse royale, à la 3e place dans la succession au trône après son père et sa soeur aînée Leonor.

La seconde grossesse de Letizia Ortiz, ex-journaliste de télévision âgée de 34 ans, était connue depuis septembre 2006. Le 27 novembre, la Maison royale indiquait que l'enfant attendu était une fille. Jamais jusqu'alors le sexe d'un membre de la famille royale espagnole n'avait été annoncé avant sa naissance.


Il s'agissait de refroidir le débat national sur la nécessité et l'urgence d'une révision de l'article 57/1 de la Constitution. Pour la succession au trône d'Espagne, il préfère "l'homme à la femme" dans la même ligne et le même degré. Le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement et féministe militant, avait promis dès son investiture, en avril 2004, de jeter aux oubliettes ce vestige de loi salique.

La naissance le 31 octobre 2005 de Leonor, premier enfant des Princes des Asturies Felipe et Letizia, avait créé une forte pression en faveur du respect de cette promesse de révision constitutionnelle, dans la crainte que la naissance postérieure d'un garçon ne prive Leonor du droit d'être un jour reine d'Espagne. La mise au monde de Sofia tempère le débat sans l'éclipser.

Que Felipe et Letizia aient eu deux filles "permet de gagner du temps à l'heure de réviser la Constitution, mais me résout pas le problème de fond... Il faut en finir avec l'anachronisme de la prééminence de l'homme sur la femme dans la ligne de succession" écrit lundi l'éditorialiste du quotidien de centre droit El Mundo. Evoquée aussi par les grandes chaînes de télévision, cette question n'a toutefois pas dominé leurs émissions spéciales dédiées à l'heureux événement.

Tant le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Zapatero que les conservateurs du Parti populaire (PP, opposition) de Mariano Rajoy admettent le bien-fondé d'un amendement de la Constitution pour en extraire le sexisme salique. L'arithmétique parlementaire ne fait donc pas problème.

Néanmoins, toute modification de la Charte suprême touchant la couronne bouleversera le cadre politique. Son approbation à la majorité des deux tiers de chacune des deux Chambres doit en effet obligatoirement être suivie de la convocation d'élections législatives. Les nouveaux députés et sénateurs devraient approuver à leur tour la révision constitutionnelle. Cette dernière, enfin, serait soumise à un référendum national, avec le risque qu'il ne dérive en référendum sur la monarchie dans un pays où des drapeaux républicains flottent à nouveau lorsque la gauche manifeste.

Ce processus sera-t-il couplé aux élections législatives de mars ou avril 2008 qui marqueront la fin de l'actuelle législature? Aucune indication officielle ne permet jusqu'à présent de l'affirmer.

La nouvelle Altesse royale pesait à la naissance 3,31 kg pour une taille de 50 cm. La princesse Letizia se porte bien, malgré une césarienne comme lors de son premier accouchement. Radieux en sortant de la clinique madrilène Ruber Internacional, le prince Felipe a expliqué aux journalistes que le nom Sofia a été choisi pour honorer la reine Sofia, grand-mère de l'illustre bébé et épouse du roi Juan Carlos d'Espagne. Voilà les souverains grands-parents pour la huitième fois.

Le prince héritier a indiqué que des prélèvements de sang du cordon ombilical de la petite Sofia seront conservés à la fois dans un centre public madrilène et dans un centre privé européen pour parer à d'éventuels problèmes de santé de leur fille dans le futur. Après la naissance de Leonor, le couple princier avait été critiqué par plusieurs médias pour avoir choisi à cette fin un centre privé des Etats-Unis.


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publié par EnEspagne.com à 11:37 PM
FAMILLE ROYALE ESPAGNOLE - SOFIA EST NEE : 2ème enfant des princes Felipe et Letizia, elle est 3ème dans la succession à la couronne
   

21 septembre 2006

LES FANTOMES DES ATTENTATS DU 11 MARS

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
Trente mois après la mort de 191 personnes lors des attentats de Madrid, l’enquête judiciaire et les conjectures médiatiques sont encore l’objet d’un âpre débat entre gouvernement et opposition, mais aussi entre les deux premiers journaux et les deux premières radios espagnols.

Imaginez Le Monde expliquer en première page pourquoi les journalistes du Figaro sont des menteurs de la pire espèce. Imaginez l’UMP accuser le PS de cacher aux citoyens la vérité sur l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire du pays, deux ans et demi après les faits… C’est à peu près ce qui se passe juste au-delà des Pyrénées. Trente mois après la mort de 191 personnes lors des attentats de Madrid, l’enquête judiciaire et les conjectures médiatiques sont encore l’objet d’un âpre débat entre gouvernement et opposition, mais aussi entre les deux premiers journaux et les deux premières radios espagnols.
Il y a d’un côté la thèse officielle : les attentats du 11 mars 2004 ont été commis par un groupe de terroristes islamistes liés au réseau international Al Qaida, ceux-là même qui se sont suicidés en faisant exploser leur appartement quelques semaines après, le 3 avril 2004. Les terroristes ont utilisé un explosif acheté en Espagne, à un ex mineur des Asturies (nord-ouest), José Emilio Suárez Trashorras. Al Qaida a sans doute été motivée par l’implication de l’Espagne dans la guerre en Irak –décidée par le gouvernement du du conservateur Parti Populaire (PP) contre l’avis majoritaire des Espagnols- pour choisir Madrid comme cible.
De l’autre côté il y a des hypothèses qui s’appuient essentiellement sur le témoignage de Trashorras, aujourd’hui en prison pour complicité de terrorisme, et qui tentent d’impliquer l’organisation terroriste basque ETA –montrée du doigt par le gouvernement PP et par à peu tout le monde dans les premiers moments qui ont suivi les attentats-. Ces arguments qui flirtent avec les théories de la conspiration sont relayés principalement par deux médias proche de la droite –qui a perdu par surprise les élections du 14 mars 2004-, le quotidien El Mundo, habitué aux titres sensationnalistes, et la radio COPE, propriété de la Conférence épiscopale espagnole. Une partie du PP s’appuie sur les pistes d’El Mundo pour accuser le Gouvernement socialiste de ne pas dire toute la vérité sur le 11 mars.
Ce mercredi 13 septembre 2006, le premier quotidien espagnol, El País, s’en est pris directement et en première page à son concurrent direct, El Mundo (numéro deux de la presse espagnole, à quelques centaines de milliers de lecteurs d’El País, mais en croissance). El País, proche du gouvernement socialiste, cite la source principale d’El Mundo, Trashorras, qui aurait déclaré par téléphone à ses parents, depuis sa cellule : « Tant qu’El Mundo me paie, je suis prêt à leur raconter la guerre civile ». El País consacrait ensuite deux pages intérieures et son premier éditorial à démontrer que les théories d’El Mundo étaient sans fondement, et que ce journal pratiquait un journalisme sensationnaliste et peu rigoureux. Il est à noter que le quotidien ABC, doyen conservateur et catholique de la presse espagnole, a relayé les informations d’El País et condamné lui aussi les « dérives » d’El Mundo.
L’affrontement n’en reste pas là, mais est transféré des tribunes médiatiques aux tribuns politiques. Le même jour au Parlement, le PP accuse le gouvernement de « fausser et d’oublier » des éléments des attentats, le ministre de l’Intérieur lui répond qu’il est « immoral » d’apporter au Congrès des Députés de telles « théories de la conspiration ». Le lendemain, El País dénonce « l’addition d’énormités » du PP, et El Mundo juge que le gouvernement n’a pas répondu aux questions. ABC se lamente du sort des « intérêts de la droite » : « Une droite qui base son opposition au [parti socialiste] PSOE sur le 11 mars est vouée à l’échec, non seulement électoral mais aussi idéologique ».
Les jours suivants, les deux protagonistes médiatiques continuent leur affrontement. Pedro José Ramirez, le directeur d’El Mundo, multiplie les interventions et arrache une confession à l’un des auteurs de l’article d’El País : finalement, on ne peut pas vraiment savoir si Trashorras a été payé par El Mundo. De son côté, El País fournit de nombreux témoignages des autorités policières en place à l’époque du gouvernement du PP, qui écartent la piste défendue par El Mundo d’une implication de l’ETA. À l’étranger, The Guardian et La Reppublica cherchent à comprendre...

Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.

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LES FANTOMES DES ATTENTATS DU 11 MARS
   

05 septembre 2006

DES PIEDS ET DES MAINS

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
L'Espagne est une des grandes nations du basket-ball européen. Le dimanche 3 septembre dernier, l'équipe nationale de basket a remporté la finale des championnats du monde qui se déroulaient cette année au Japon. Elle a battu la redoutable équipe de Grèce qui avait éliminé les Etats-Unis en demi-finale. Les basketteurs espagnols ont sans nul doute conforté la place de leur discipline comme deuxième sport national derrière... l'indétrônable football.

L’Espagne est devenue ce dimanche 3 septembre 2006 championne du monde… de basket. La célébration, dimanche et lundi, de ce premier titre mondial a pris des proportions surprenantes au pays où le fútbol des stars du Barça et des galácticos du Real Madrid est sans conteste LE sport national. En fait, les Espagnols semblent avoir replacé leurs espoirs footballistiques déçus dans le basket, plus prometteur cette année. Les supporteurs ont même recyclé les chants de la coupe du monde en Allemagne pour supporter les basketteurs au Japon. Ainsi ¡A por ellos! (« On va les avoir ! »), cri de ralliement populaire né pour la coupe du monde de football, a rempilé pour les championnats de basket.
À Madrid, les aficionados avaient rempli le Palais des Sports pour voir ensemble la finale contre la Grèce. Marée de rouge, de jaune, de drapeaux flanqués du taureau ibérique et… de barbes en carton ! La barbe, c’est celle de Pau Gasol, le pivot du cinq espagnol et chouchou de tout un pays. Star de la NBA aux Etats-Unis, Gasol c’est le Zidane du ballon orange en Espagne. Gasol, blessé lors des demi-finales âprement gagnées contre l’Argentine (75-74), n’a pas pu jouer la finale. Tout au long du match, la télévision espagnole l’a montrée sur son banc, flanqué de ses deux béquilles. Et à chaque apparition, les 15.000 supporters du Palais des Sports exultaient.
Lundi matin, un mot revenait en une de toute la presse : l’or. Le quotidien le plus lu en Espagne, Marca, en est devenu napoléonien : « Fils, moi j’ai vécu l’or du Japon » proclame la première page du journal sportif. Les généralistes ne sont pas en reste, comme El País qui consacre un éditorial pour rassurer ces lecteurs : « Non, ce n’est pas un rêve ». Et après un long texte de félicitation au basket espagnol, El País repasse les récents succès nationaux en handball, en tennis, en cyclisme, en formule 1, en moto et en athlétisme, et constate désespérément : « Le seul sport qui manque, c’est, comme toujours, le football ».
Mais qu’à cela ne tienne, les Espagnols ont une occasion de célébrer leurs champions et entendent bien en profiter. Dans la nuit de lundi à mardi, 100.000 personnes sont venu célébrer l’arrivée à Madrid de leurs campeones, sur la Plaza de Castilla. Deux stars ont cristallisé l’émotion : le blessé et l’orphelin. Avant que ne parle Pau le barbu, c’est l’entraîneur qui a pris le micro. Pepu Hernández souriait davantage que dimanche. Les spectateurs étaient étonnés du visage fermé du coach espagnol au moment de soulever la coupe. Pepu avait appris la veille de la finale la mort de son père. Il n’avait rien dit à ses joueurs, parce que « rien ne devait arrêter l’équipe ». Lundi soir il a dit qu’il y avait un mot qui importait « BA-LON-CES-TO », le basket, au pays du football roi. Les dizaines de milliers de supporteurs l’ont acclamé.

Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.

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DES PIEDS ET DES MAINS
   

20 août 2006

LA GALICE BRULE, LA POLITIQUE S'ENFLAMME

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
Douze jours d’incendies ont ravagé la Galice, cette région située à l’extrême Nord Ouest de l’Espagne. Le feu, d’origine humaine dans la grande majorité des cas selon les pompiers, a provoqué la mort de quatre personnes et la disparition de dizaines de milliers d’hectares de forêts et de végétation. Le combat contre le feu s’est vu substituer par une âpre lutte politique autour de deux questions : "Combien ?" et "Qui ?".

Question à choix multiple à la mode galicienne : entre le 4 et le 16 août ont brûlé en Galice…

a) 77.000 hectares
b) 86.232 hectares
c) 92.000 hectares
d) 180.636 hectares

Les quatre réponses sont admissibles, et s’opposent en Espagne depuis une semaine. Si vous avez choisi a), vous êtes d’accord avec la Xunta –le gouvernement régional de Galice, dirigé par le parti socialiste PSOE et les nationalistes du BNG-. Si vous avez opté pour b), vous opinez comme la Commission européenne et son Système Européen d’Information sur les Feux de Forêt. Si vous avez préféré l’option c), vous vous fiez au Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (CSIC, l’équivalent espagnol du CNRS français). Si enfin vous avez retenu la réponse d), vous faites confiance au Partido Popular, le parti de la droite espagnole qui a perdu cette région il y a tout juste un an, et qui reprend le calcul d’un site web recompilant lui même des informations de la NASA…

Cette guerre des chiffres pourra sembler absurde à l’œil étranger. Comme souvent en Espagne, il faut resituer la querelle dans son contexte politique. La vague d’incendies qui s’est abattue sur la Galice entre le 4 et le 16 août 2006 est la première crise qu’affronte le gouvernement régional depuis l’arrivée au pouvoir des socialistes et de leurs alliés nationalistes en juin 2005, après 15 ans de règne du très conservateur –il fut ministre du tourisme et de la propagande sous Franco- et aujourd’hui octogénaire Manuel Fraga.

Le nombre d’incendies et les dégâts causés étant considérables –en plus des quatre morts, même le plus bas chiffre d’hectares brûlés en août 2006 est supérieur à celui de toute l’année 2005-, l’étendue du désastre et l’identité des incendiaires deviennent des enjeux de la confrontation entre l’administration régionale –seule responsable d’éteindre les feux dans le très décentralisé État espagnol- et son opposition.

Or il est clair que les feux ne se sont pas déclenché tout seul, la grande majorité d’entre eux se trouvant à proximité de villes et de villages, ce qui selon la police montre une intention criminelle. Comme tous les ans, on désigne le spéculateur immobilier qui veut construire sur la terre brûlée, le pompier qui veut augmenter sa prime de risque, l’agriculteur qui débroussaille son champ, le marchand de bois qui veut s’approvisionner à moindre coût, et bien sûr le pyromane pathologique.

Mais cette année d’autres thèses, politiques, frisent la théorie du complot. Chez les socialistes, il y a des militants qui croient fermement que derrière les incendies il y a une volonté de nuire au Gouvernement régional. Du côté des conservateurs, on rappelle que parmi la trentaine d’incendiaires arrêtés, un seul a eu une expérience politique, un homme de 49 ans, inscrit en 1999 aux élections municipales d’un petit village, sur la liste du parti socialiste...

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LA GALICE BRULE, LA POLITIQUE S'ENFLAMME
   

29 juillet 2006

PLUS D'IMMIGRES DANS UNE ESPAGNE ESSEULEE

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
La presse espagnole a consacré ces derniers jours une large part à une question relativement nouvelle pour la société espagnole : l'immigration. L'afflux relativement récent d'immigrés et ses conséquences est analysé différemment selon les journaux.

Les chiffres officiels sont tombés mercredi [26/07/2006, ndlr] : selon l’Instituto Nacional de Estadísticas (INE, l’équivalent de l’INSEE française), sur 44 400 000 habitants, l’Espagne compte 3.883.000 étrangers, soit 8,70% de sa population. Les communautés les mieux représentés sont, dans l’ordre, le Maroc, l’Équateur et la Roumanie. Ces trois pays représentent presque la moitié du total d’étrangers recensés en Espagne. Les images des bateaux chargés d’africains arrivant aux ports espagnols sont trompeuses : l’immense majorité des migrants passe les frontières de la péninsule par les routes et par les airs. Mais il est vrai que l’Espagne, longtemps exportatrice d’émigrés, a connu avec la croissance et la modernisation de ces 20 dernières années un afflux soudain d’étrangers.
Seul El País se permet un éditorial au titre résolument optimiste : « La présence de travailleurs immigrés a des effets positifs sur l’économie ». Le quotidien de centre gauche défend la politique de régularisation du gouvernement socialiste et s’en prend aux « mesquins » qui mettent en avant « l’accroissement des dépenses en matière d’éducation et de santé ». El Períodico de Catalunya, proche aussi des idées socialistes, met en garde contre les craintes de la population espagnole : « On ne fera jamais trop de pédagogie pour éviter les craintes entre populations autochtone et immigrée », explique le quotidien barcelonais.
Toujours très critique de la politique de Zapatero, El Mundo voit dans les dernières évolutions démographiques « un changement trop rapide à cause d’un gouvernement qui attire les masses du tiers monde » et reprend la guerre des chiffres créée par le Partido Popular (de droite, le PP est le principal parti de l’opposition) : « Comme l’a bien dit le PP, il est tout à fait possible qu’il y ait en fait 1.600.000 immigrés clandestins », alors que le gouvernement parle d’un million.
L’Espagne se sent seule face à l’immigration. Pays le plus proche des côtes africaines, c’est la première porte d’entrée des immigrants qui veulent passer de l’Afrique à l’Union Européenne. Plus que le reste de la presse internationale, les journaux espagnols ont suivi avec attention le dernier sommet de l’UE sur l’immigration. Pour ABC, « Les pays de l’UE doivent additionner leurs force face à un problème extrêmement grave ». Le journal conservateur a son explication du manque de préoccupation de ses voisins européens : « Le problème principal pour l’Espagne, c’est que c’est l’un des pays les plus touchés par les arrivées incontrôlées d’immigrés clandestins, mais elle souffre encore du stigma d’avoir été l’un des pays les moins solidaires » en accordant des papiers aux travailleurs immigrés.
Les quotidiens économiques se sentent tout aussi concernés par « un problème prioritaire » (Expansión) face auquel « Nous avons besoin de davantage de générosité » (El Economista).

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publié par EnEspagne.com à 1:22 AM
PLUS D'IMMIGRES DANS UNE ESPAGNE ESSEULEE
   

18 juillet 2006

LA MITRE, LE BERET ET LA CASQUETTE

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
Triple revue de presse cette semaine, avec trois évènements que la presse espagnole a largement commentés : la venue du Pape à Valence, les derniers rebondissements du processus de paix au pays basque, et la grève des pilotes de la compagnie Ibéria.

La visite à Valence de Joseph Alois Ratzinger –plus connu sous le nom de Benoît XVI–, venu célébrer samedi et dimanche la Cinquième rencontre mondiale des familles, a donné lieu a d’abondants commentaires en Espagne, pays qui a étonné l’Europe en ouvrant le mariage aux homosexuels il y a un peu plus d’un an. Ce qui retient le plus l’œil français empreint de laïcisme républicain, c’est de constater que la presse se surprend que non, le Pape n’a pas critiqué le Gouvernement.
Rappelons que l’État espagnol est officiellement aconfessionnel, mais que sa Constitution de 1978 spécifie que les pouvoirs publics doivent prendre en compte « les croyances de la société » et établir une « collaboration avec l’Église catholique ».
Selon la ligne éditoriale des publications –du progressiste El País au conservateur et catholique ABC, en passant par le plus mesuré quotidien catalan La Vanguardia-, les quotidiens applaudissent « le ton conciliant et diplomatique » du Pape (El País), « l’attitude exemplaire de Benoît XVI » (La Vanguardia) ou au contraire déplorent l’absence du Président Zapatero a la messe ainsi que « L’offensive laïciste » du gouvernement (ABC)… Mais tous soulignent la cordialité du Pape, qui, contrairement aux évêques espagnols, a décidé de s’adresser aux familles mais de se garder d’entrer directement dans la mêlée partisanne.

Côté politique, les derniers épisodes du dialogue avec l’ETA basque ont encore accentué l’affrontement entre deux blocs : d’un côté le gouvernement et tous les partis moins un, de l’autre le Partido Popular (PP), de droite, seul contre tous. L’objet du conflit était la publication par le journal Gara, canal habituel de diffusion des arguments de l’ETA, d’informations sur de présumées conditions politiques passées entre le Gouvernement et l’ETA. Le Gouvernement et la vitrine politique de l’ETA, Batasuna, ont démenti, mais le PP refuse de les croire et affirme que « Zapatero ment ». L’ensemble des groupes parlementaires, à l’exception du PP, renouvelle sa confiance au gouvernement dans le processus de dialogue et recommande « silence et discrétion ».

Le dernier couvre-chef en vue cette semaine, c’est la casquette des pilotes d’Iberia, dont la grève de quatre jours et les centaines de vols annulés ont suscité les critiques quasi unanimes. Il existe en Espagne une culture de négociation syndicale et les restrictions au droit de grève sous forme de services minimums sont admises par l’ensemble de la société. El País, de centre gauche, a de durs mots contre les pilotes : « La convocation de la grève n’avait aucun sens. Les seuls résultats ont été de semer le chaos dans les aéroports et de nuire aux passagers. De nombreux travailleurs en ont assez d’un syndicat qui fait preuve d’un comportement souvent capricieux et toujours nuisible pour tous ».


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LA MITRE, LE BERET ET LA CASQUETTE
   

09 juillet 2006

42 MORTS, 0 RESPONSABLE

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
L'analyse des journaux espagnols au cours des jours qui ont suivi le déraillement tragique du métro de Valence ce lundi 3 juillet dernier. Selon le ministre régional des Transports, ce métro qui a déraillé dans un virage roulait à 80km/h au lieu de 40km/h normalement.

Le déraillement du métro de Valence ce lundi 3 juillet a causé 42 morts. C’est, pour ce type d’accidents, le bilan le plus lourd de l’histoire de l’Espagne. Les quotidiens espagnols ont publié des dizaines de pages tout au long de la semaine pour tenter d’expliquer le drame et d’en tirer quelques conclusions.
Le conducteur du métro faisant partie des victimes mortelles, c’est l’examen de la boîte noire qui a permis de savoir que le train roulait à 80 km/h dans un virage dangereux, soit deux fois la vitesse autorisée. Le levier de vitesse était enclenché à fond, ce qui a conduit la compagnie de métro à penser que le machiniste s’est endormi ou a subi un malaise.
Les abondants témoignages d’usagers habituels publiés par les médias espagnols soulignent le mauvais état de la ligne 1 du métro valencien ainsi que la fréquence des incidents. Si tous les journaux s’accordaient à exiger une enquête approfondie sur le drame, leurs positions sont bien différentes quant à la possible responsabilité des pouvoirs publics.
Au lendemain du drame, tous les quotidiens nationaux demandent une enquête dans leurs éditoriaux : « La tragédie de Valence exige une enquête complète », titre El País. « Enquête et solidarité », demande La Vanguardia. « Solidarité et enquête », répond comme en écho El Periódico de Catalunya. Le journal ABC, tout en jugeant que « l’urgence, c’est d’abord de s’occuper des victimes », plaide également pour « une enquête complète ». Seul El Mundo demande déjà des comptes à l’administration régionale (dirigée par le Partido Popular, de droite) et intitule son éditorial : « une ligne [de métro] marquée par la polémique ».
Au fur et à mesure de la semaine, les deux journaux de droite, le conservateur ABC et le sensationnaliste El Mundo, vont continuer seul à seul le débat de savoir s’il faut s’en prendre aux pouvoirs publics.
« C’est une grave irresponsabilité que de parler avant l’heure de lignes de métro polémiques, en insinuant la négligence de la Generalitat [le gouvernement régional] de Valence et en semant la suspicion entre les citoyens », accuse ABC le mercredi. « La question est de savoir pourquoi la Generalitat de Valencia n’a pas approuvé le projet de modernisation de la ligne 1 il y a quelques mois, pourquoi elle a maintenu en place un vieux système de sécurité incapable de palier à une défaillance humaine », poursuit El Mundo. « Les critiques contre [le président de la Generalitat, Francisco] Camps sont hors sujet », répond le lendemain ABC.
Samedi la presse espagnole parlait encore de Valence, mais pour saluer l’arrivée du Pape dans cette ville, « une visite au milieu de la douleur », décrit El País.


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03 juillet 2006

ETA : LE DIALOGUE SANS L'UNITE

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
Les réactions de la presse espagnole après l'annonce officielle de l'ouverture du dialogue avec l'organisation séparatiste basque espagnole le jeudi 29 juin 2006

Le président du Gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a annoncé jeudi matin l’ouverture d’un dialogue avec le groupe terroriste ETA. Cette annonce faite lors d'une conférence de presse dans un couloir du Parlement est l’une des étapes de ce qu’on appelle en Espagne le processus de paix, commencé le 22 mars dernier avec l’annonce d’un « cessez-le-feu permanent » de l’ETA, et qui doit aboutir à la disparition du mouvement armé.
Le Partido Popular (PP, principal parti de l’opposition) a attaqué durement la décision de Zapatero, et la presse conservatrice a aussi formulé des objections. L’ETA, qui a causé plus de 800 morts depuis son premier attentat mortel en 1968, réclame l’indépendance d’un Pays basque entendu au sens large, qui comprend la région autonome Euskadi, sa voisine la Navarre, et le pays basque français ou Iparralde, qui est une partie du département des Pyrénées-Atlantiques.
Il s’agit de la troisième fois qu’un gouvernement espagnol entame des conversations avec l’ETA, après les échecs du gouvernement socialiste de Felipe González en 1988, et du gouvernement conservateur de José María Aznar (Partido Popular, PP) en 1999. À chaque occasion, l’équipe au pouvoir avait reçu l’aval de l’ensemble des partis. Pas cette fois.
El Mundo, qui depuis l’arrivée de Zapatero au pouvoir en 2004 est l’un des plus féroces critiques des socialistes, parle de « concession faite à la bande » de la part d’un gouvernement qui « joue avec le feu ». Son principal reproche porte sur les déclarations de Zapatero sur « les décisions que les basques adopteront librement ». La droite y voit une reconnaissance implicite du droit à l’autodétermination (un référendum sur l’indépendance), exigé par l’ETA.
Le quotidien conservateur ABC y voit aussi « un aspect politique du dialogue avec l’ETA, souhaité par les terroristes ». La phrase entière du président était : « Le gouvernement respectera les décisions des citoyens basques qui seront prises librement, dans le respect des normes et des procédés légaux, des méthodes démocratiques, des droits et des libertés des citoyens et en l’absence totale de tout type de violence et de contrainte ». Zapatero a affirmé a plusieurs reprises que l’autodétermination n’était pas un concept valide en Espagne, et que la Constitution en vigueur était le plafond des revendications nationalistes.
Du côté des soutiens, on trouve le madrilène El País et le barcelonais El Periódico de Catalunya, tous deux proches du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) de Zapatero. La seule chose qu’El País trouve à redire, c’est que l’annonce de Zapatero n’ait pas été faite devant les députés. Quant à El Periódico, il opte pour une première page façon fin de guerre mondiale, et titre en énorme « La paix est le chemin », en empruntant sa sagesse à Gandhi.
Du côté des premiers intéressés, le modéré El Correo, au pays basque, considère que le gouvernement « respecte son devoir en explorant les possibilités réelles qu’offre le cessez le feu de l’ETA pour en finir avec la plaie du terrorisme ».
Prochaine étape annoncée : la consultation, en septembre prochain, de l’ensemble des groupes parlementaires par le ministre de l’Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, pour les informer de l’évolution du processus de paix.


Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.
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>> Voir également : Presse et journaux espagnol, ETA dans l'histoire de l'Espagne

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publié par EnEspagne.com à 9:48 PM
ETA : LE DIALOGUE SANS L'UNITE
   

28 juin 2006

GUEULE DE BLEU

REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE [par Mathieu de Taillac] :
L'Espagne au lendemain de la victoire française face à la sélection espagnole en huitièmes de finale de la coupe du monde de football (Allemagne 2006)

Dur réveil ce mercredi matin pour les supporteurs espagnols. Le pays entier y avait cru : après son sans faute en première phase, la sélection espagnole, la roja, récolterait davantage que l’enthousiasme et la condescendance internationale. Devant les écrans géants installés sur deux des places centrales de la capitale, Sol et Colón, les dizaines de milliers de supporteurs peinturlurés de rouge et de jaune scandaient «Sí, sí, sí, ¡vamos a Berlín!» («Oui, oui, oui, on va à Berlin !»).
Las, le onze espagnol a montré face aux tricolores «L’Espagne de toujours» pour El País, «L’impuissance de toujours», pour El Mundo, ou encore «L’histoire sans fin» pour ABC. La frustration est grande face à l’impression que l’histoire se répète comme une fatalité. La presse rappelle qu’à chaque coupe du monde, l’Espagne suscite l’enthousiasme et fait preuve de qualité, mais échoue «dès qu’elle joue un vrai match», comme résume cruellement El País. L’élimination habituelle en quarts de finale est devenue un sujet de plaisanteries en Espagne. Mais, comme l’écrit El Mundo dans son éditorial, «Cette fois nous n’avons même pas attendu les quarts de finale pour mourir».
Dans l’ensemble bons perdants, les journaux soulignent les vertus de la maturité française face à l’inexpérience espagnole. Seul le coup franc à l’origine du deuxième but français a du mal à passer. La faute sur Henry, qui porte les bras à la tête alors qu’il n’a pu être touché qu’à la jambe, est perçue comme imaginaire.
Pour se consoler, les amateurs se tourneront vers les journaux sportifs, As: «C’était beau tant que ça a duré», ou Marca «Ne pleure pas», en énorme sur la une ; et en sous-titre, «Nous avons une équipe et nous reviendrons».
Une équipe oui, mais un entraîneur ? La question du départ de Luis Aragonés est posée dans la presse. Le sélectionneur a précisé «Je resterai si les supporteurs et la fédération le veulent». Marca prend Aragonés à son propre jeu, et avance six noms pour un possible remplaçant, «Si Luis ne continue pas»…


Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.
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>> Voir également : Presse et journaux espagnol, Sport et football espagnol

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