LA MITRE, LE BERET ET LA CASQUETTE
Triple revue de presse cette semaine, avec trois évènements que la presse espagnole a largement commentés : la venue du Pape à Valence, les derniers rebondissements du processus de paix au pays basque, et la grève des pilotes de la compagnie Ibéria.
La visite à Valence de Joseph Alois Ratzinger –plus connu sous le nom de Benoît XVI–, venu célébrer samedi et dimanche la Cinquième rencontre mondiale des familles, a donné lieu a d’abondants commentaires en Espagne, pays qui a étonné l’Europe en ouvrant le mariage aux homosexuels il y a un peu plus d’un an. Ce qui retient le plus l’œil français empreint de laïcisme républicain, c’est de constater que la presse se surprend que non, le Pape n’a pas critiqué le Gouvernement.
Rappelons que l’État espagnol est officiellement aconfessionnel, mais que sa Constitution de 1978 spécifie que les pouvoirs publics doivent prendre en compte « les croyances de la société » et établir une « collaboration avec l’Église catholique ».
Selon la ligne éditoriale des publications –du progressiste El País au conservateur et catholique ABC, en passant par le plus mesuré quotidien catalan La Vanguardia-, les quotidiens applaudissent « le ton conciliant et diplomatique » du Pape (El País), « l’attitude exemplaire de Benoît XVI » (La Vanguardia) ou au contraire déplorent l’absence du Président Zapatero a la messe ainsi que « L’offensive laïciste » du gouvernement (ABC)… Mais tous soulignent la cordialité du Pape, qui, contrairement aux évêques espagnols, a décidé de s’adresser aux familles mais de se garder d’entrer directement dans la mêlée partisanne.
Côté politique, les derniers épisodes du dialogue avec l’ETA basque ont encore accentué l’affrontement entre deux blocs : d’un côté le gouvernement et tous les partis moins un, de l’autre le Partido Popular (PP), de droite, seul contre tous. L’objet du conflit était la publication par le journal Gara, canal habituel de diffusion des arguments de l’ETA, d’informations sur de présumées conditions politiques passées entre le Gouvernement et l’ETA. Le Gouvernement et la vitrine politique de l’ETA, Batasuna, ont démenti, mais le PP refuse de les croire et affirme que « Zapatero ment ». L’ensemble des groupes parlementaires, à l’exception du PP, renouvelle sa confiance au gouvernement dans le processus de dialogue et recommande « silence et discrétion ».
Le dernier couvre-chef en vue cette semaine, c’est la casquette des pilotes d’Iberia, dont la grève de quatre jours et les centaines de vols annulés ont suscité les critiques quasi unanimes. Il existe en Espagne une culture de négociation syndicale et les restrictions au droit de grève sous forme de services minimums sont admises par l’ensemble de la société. El País, de centre gauche, a de durs mots contre les pilotes : « La convocation de la grève n’avait aucun sens. Les seuls résultats ont été de semer le chaos dans les aéroports et de nuire aux passagers. De nombreux travailleurs en ont assez d’un syndicat qui fait preuve d’un comportement souvent capricieux et toujours nuisible pour tous ».
Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.
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publié par EnEspagne.com à 12:54 AM
LA MITRE, LE BERET ET LA CASQUETTE
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