DES PIEDS ET DES MAINS
L'Espagne est une des grandes nations du basket-ball européen. Le dimanche 3 septembre dernier, l'équipe nationale de basket a remporté la finale des championnats du monde qui se déroulaient cette année au Japon. Elle a battu la redoutable équipe de Grèce qui avait éliminé les Etats-Unis en demi-finale. Les basketteurs espagnols ont sans nul doute conforté la place de leur discipline comme deuxième sport national derrière... l'indétrônable football.
L’Espagne est devenue ce dimanche 3 septembre 2006 championne du monde… de basket. La célébration, dimanche et lundi, de ce premier titre mondial a pris des proportions surprenantes au pays où le fútbol des stars du Barça et des galácticos du Real Madrid est sans conteste LE sport national. En fait, les Espagnols semblent avoir replacé leurs espoirs footballistiques déçus dans le basket, plus prometteur cette année. Les supporteurs ont même recyclé les chants de la coupe du monde en Allemagne pour supporter les basketteurs au Japon. Ainsi ¡A por ellos! (« On va les avoir ! »), cri de ralliement populaire né pour la coupe du monde de football, a rempilé pour les championnats de basket.
À Madrid, les aficionados avaient rempli le Palais des Sports pour voir ensemble la finale contre la Grèce. Marée de rouge, de jaune, de drapeaux flanqués du taureau ibérique et… de barbes en carton ! La barbe, c’est celle de Pau Gasol, le pivot du cinq espagnol et chouchou de tout un pays. Star de la NBA aux Etats-Unis, Gasol c’est le Zidane du ballon orange en Espagne. Gasol, blessé lors des demi-finales âprement gagnées contre l’Argentine (75-74), n’a pas pu jouer la finale. Tout au long du match, la télévision espagnole l’a montrée sur son banc, flanqué de ses deux béquilles. Et à chaque apparition, les 15.000 supporters du Palais des Sports exultaient.
Lundi matin, un mot revenait en une de toute la presse : l’or. Le quotidien le plus lu en Espagne, Marca, en est devenu napoléonien : « Fils, moi j’ai vécu l’or du Japon » proclame la première page du journal sportif. Les généralistes ne sont pas en reste, comme El País qui consacre un éditorial pour rassurer ces lecteurs : « Non, ce n’est pas un rêve ». Et après un long texte de félicitation au basket espagnol, El País repasse les récents succès nationaux en handball, en tennis, en cyclisme, en formule 1, en moto et en athlétisme, et constate désespérément : « Le seul sport qui manque, c’est, comme toujours, le football ».
Mais qu’à cela ne tienne, les Espagnols ont une occasion de célébrer leurs champions et entendent bien en profiter. Dans la nuit de lundi à mardi, 100.000 personnes sont venu célébrer l’arrivée à Madrid de leurs campeones, sur la Plaza de Castilla. Deux stars ont cristallisé l’émotion : le blessé et l’orphelin. Avant que ne parle Pau le barbu, c’est l’entraîneur qui a pris le micro. Pepu Hernández souriait davantage que dimanche. Les spectateurs étaient étonnés du visage fermé du coach espagnol au moment de soulever la coupe. Pepu avait appris la veille de la finale la mort de son père. Il n’avait rien dit à ses joueurs, parce que « rien ne devait arrêter l’équipe ». Lundi soir il a dit qu’il y avait un mot qui importait « BA-LON-CES-TO », le basket, au pays du football roi. Les dizaines de milliers de supporteurs l’ont acclamé.
Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.
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publié par EnEspagne.com à 1:42 AM
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