PLUS D'IMMIGRES DANS UNE ESPAGNE ESSEULEE
La presse espagnole a consacré ces derniers jours une large part à une question relativement nouvelle pour la société espagnole : l'immigration. L'afflux relativement récent d'immigrés et ses conséquences est analysé différemment selon les journaux.
Les chiffres officiels sont tombés mercredi [26/07/2006, ndlr] : selon l’Instituto Nacional de Estadísticas (INE, l’équivalent de l’INSEE française), sur 44 400 000 habitants, l’Espagne compte 3.883.000 étrangers, soit 8,70% de sa population. Les communautés les mieux représentés sont, dans l’ordre, le Maroc, l’Équateur et la Roumanie. Ces trois pays représentent presque la moitié du total d’étrangers recensés en Espagne. Les images des bateaux chargés d’africains arrivant aux ports espagnols sont trompeuses : l’immense majorité des migrants passe les frontières de la péninsule par les routes et par les airs. Mais il est vrai que l’Espagne, longtemps exportatrice d’émigrés, a connu avec la croissance et la modernisation de ces 20 dernières années un afflux soudain d’étrangers.
Seul El País se permet un éditorial au titre résolument optimiste : « La présence de travailleurs immigrés a des effets positifs sur l’économie ». Le quotidien de centre gauche défend la politique de régularisation du gouvernement socialiste et s’en prend aux « mesquins » qui mettent en avant « l’accroissement des dépenses en matière d’éducation et de santé ». El Períodico de Catalunya, proche aussi des idées socialistes, met en garde contre les craintes de la population espagnole : « On ne fera jamais trop de pédagogie pour éviter les craintes entre populations autochtone et immigrée », explique le quotidien barcelonais.
Toujours très critique de la politique de Zapatero, El Mundo voit dans les dernières évolutions démographiques « un changement trop rapide à cause d’un gouvernement qui attire les masses du tiers monde » et reprend la guerre des chiffres créée par le Partido Popular (de droite, le PP est le principal parti de l’opposition) : « Comme l’a bien dit le PP, il est tout à fait possible qu’il y ait en fait 1.600.000 immigrés clandestins », alors que le gouvernement parle d’un million.
L’Espagne se sent seule face à l’immigration. Pays le plus proche des côtes africaines, c’est la première porte d’entrée des immigrants qui veulent passer de l’Afrique à l’Union Européenne. Plus que le reste de la presse internationale, les journaux espagnols ont suivi avec attention le dernier sommet de l’UE sur l’immigration. Pour ABC, « Les pays de l’UE doivent additionner leurs force face à un problème extrêmement grave ». Le journal conservateur a son explication du manque de préoccupation de ses voisins européens : « Le problème principal pour l’Espagne, c’est que c’est l’un des pays les plus touchés par les arrivées incontrôlées d’immigrés clandestins, mais elle souffre encore du stigma d’avoir été l’un des pays les moins solidaires » en accordant des papiers aux travailleurs immigrés.
Les quotidiens économiques se sentent tout aussi concernés par « un problème prioritaire » (Expansión) face auquel « Nous avons besoin de davantage de générosité » (El Economista).
Régulièrement, Mathieu de Taillac, journaliste français à madrid, livre en exclusivité pour le Blog de EnEspagne.com une chronique de l'actualité espagnole.
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publié par EnEspagne.com à 1:22 AM
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